Vers une concorde
Empêchons la guerre civile, unissons nos cœurs
Causeur 17 nov. 2017 : publication d’un article de Christian de Moliner pour une solution séparatrice provocante à un problème de culture éthique.
Cette solution de division politique serait l’échec catastrophique de la république française; tragédie vraisemblable si ses populations vétéranes persistaient à camper sur leurs préjugés (romano-chrétiens d’une part, athées de l’autre), et si ses populations musulmanes récentes s’enfonçaient dans la fange victimaire précipitée par de faux prophètes qui leur prêchent une propagande persécuté-persécuteur exaltant le sacrifice humain afin d’anéantir les infidèles.
La solution politique aux confrontations des populations en raison de leurs confessions est éthique. Historiquement, que veulent les musulmans depuis leur immigration massive en France et, bien avant, les juifs depuis qu’ils sont citoyens français ? Que la loi républicaine en son application leur permette de respecter leur foi dans la vie quotidienne autant que la loi républicaine permet aux catholiques, aux protestants, aux francs-maçons, aux libertaires, aux bouddhistes plus récents, de vivre selon la leur. Deux différences, alimentation carnée et mariage soulèvent des conflits, une troisième différence relevant de la vie intime ne suscite éventuellement un souci qu’aux couples cultuellement mixtes. La quatrième, calendaire, pour ne plus discriminer requière des aménagements possibles.
La première différence concerne l’alimentation carnée : juifs et musulmans ne veulent manger de la chair des animaux sanguins que si le mode opératoire sacrificiel – car il s’agit du sacrifice d’une vie animale – respecte l’éthique mosaïque ou mahométane inspirée par la reconnaissance que la vie appartient au Créateur et par deux préoccupations : non-violence et exsanguinité. Ils ne peuvent donc consommer de viande provenant d’animaux violentés par un coup de pistolet fracturant le crâne lors de l’étourdissement ; outre la peur et la douleur de la pauvre bête, la crise cardiaque provoquée répand du sang dans les muscles, lequel sang s’y coagule, et la pompe cardiaque n’étant plus active le reste de la masse sanguine n’est pas expulsée, mais s’écoule lentement de la carcasse en suspension. Or, la loi républicaine disposait en 1933 (code rural) que l’abattage doit être non violent et la chair exsangue. Le décret d’application (nouveau code rural art. L. 214-1 et R. 214-67 à -72) imposant l’étourdissement contrarie cette loi. Ceux qui se préoccupent de l’alimentation et du traitement de l’animal sont souvent qualifiés d’archaïques. Pour les laïcisâtes, qui érigent l’étourdissement en dogme, il faut interdire l’abattage dit « rituel », essayant ainsi de le mettre en opposition au principe de « laïcité » de la loi républicaine. L’humanité et la fraternité de la loi républicaine que la laïcité est censée favoriser est alors bafouée. L’étourdissement n’est qu’un procédé industriel sauvage. La solution est simple : l’incision artérielle, correctement effectuée, est le moyen et de ne pas faire souffrir l’animal qui perd conscience et de consommer une viande saine (exsangue pour éviter les toxines que véhicule le sang) ; ces deux éléments combinés forment la finalité éthique de la république française au regard de l’alimentation carnée.
La deuxième différence : la bigamie. La loi coranique l’autorise, jusqu’à la quadrigamie à la condition expresse toutefois d’avoir la ressource d’assurer aux épouses et à tous leurs enfants une existence convenable. La population catholique n’étant plus majoritaire, et la minorité musulmane en passe de l’être, il sera difficile à la République française de maintenir la monogamie contre la composante la plus nombreuse du peuple. Elle sera obligée de réguler la bigamie qui existe déjà de facto, quand ce n’est pas la polygamie. Cette évolution pourrait peut-être même avoir des effets bénéfiques tels que moins de divorce vers la quarantaine, officialisation de double vie maritale plus ou moins occulte (situation ambiguë et souvent dramatique pour des enfants bien que la République confère aux naturels un statut identique aux nés d’une juste noce).
L’éducation à la pureté (au sens antonyme de septicité), troisième différence, touche la vie conjugale et familiale. C’est pourquoi la République se garde bien de s’immiscer dans cette sphère, quoique la santé soit un bien public, les risques d’épidémie et la prophylaxie un devoir des autorités civiles. Les précautions menstruelles, l’abstinence périodique respectueuse envers sa compagne ajoutent une qualité élevée aux relations amoureuses. Le développement de cette éducation sera bénéfique pour toute la population et même rendra possible des mariages aujourd’hui refusés en raison de l’exigence de pureté physique des rapports intimes.
Ainsi posées ces deux, trois ou quatre différences – divergences pour certains -, présupposons que loi laïque française (1), loi mosaïque, droit canon (2), loi coranique, préceptes bouddhistes, et autres, à l’esprit de presque tous sont compatibles. Débattons dès lors ensemble de leur contenu positif. De cet effort mental dépend l’union de la nation française. L’édit de Nantes pour les protestants, le Concordat pour les réfractaires, la loi de 1905 de séparation des églises et de l’état ont permis un apaisement et à chaque fois une passable concorde nationale. L’abrogation de l’édit de Nantes a fait perdre à la France sa place à la tête des nations. Parvenons à un pacte français des confessions qui sera un modèle pour l’Europe.
© Alain Desaint
20 novembre 2017
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(1) 1901 association, 1904 interdiction des congrégations enseignantes, 1905 séparation, 1906 repos dominical, 1907 églises rendues à l’usage cultuel, 1942-1989 avis du conseil d’état pour autoriser d’enseignement certaines congrégations.
(2) Surtout depuis 1891, Rerum novarum du pape Léon XIII.