Pr Henri Mo’hdoraï BARUK zt’l, médecin hébreu

 

Pr Henri Mo’hdoraï BARUK zt’l, médecin hébreu

17 av 5657Ier tamouz 5759 (15 août 1897 – 15 juin 1999)

Henri Baruk grandit à Ste-Gemmes-sur-Loire où son père médecin-chef de l’hôpital psychiatrique obtient des autorités le remplacement de l’internement policier par l’internement volontaire en Haute-Loire. Plus tard, son fils fera généraliser cette mesure à toute la France. Au printemps de sa vie, il reçoit une formation classique et musicale. Il sera un excellent pianiste.

En 1917, affecté médecin-auxiliaire au 12e Régiment d’Infanterie, lorsqu’une batterie allemande eut fauché tous les officiers, il commande 1’assaut, la batterie est prise… Croix de Guerre. Trois citations.

Au début de sa carrière médicale, il est confronté à une épreuve décisive : poursuivre avec le Pr Claude, médecin chef de Sainte-Anne, titulaire de la chaire de neuropsychiatrie, de qui il est le dauphin, ou se mettre à 1’école de Babinski à la Salpêtrière. Ce grand savant montre l’intervention de la volonté et son inhibition dans certaines psychopathologies; ce qui infirme la conception organo- dynamique exclusive des localisations cérébrales de Charcot. Baruk par conviction va travailler avec Babinski. Henri Claude, disciple de Charcot, prend son élève en haine au point que Baruk, chef de clinique à Sainte-Anne, doit l’éviter.

Dès lors ses travaux expérimentaux vont préciser sa conceptIon de la « personnalité profonde qui sent qui vibre et qui souffre », et tenter de pénétrer les processus physiques de la volonté (recherche déjà considérée essentielle par Baruch de Spinoza), à contre courant de ce qui deviendra une idolâtrie du cerveau, qui n’est qu’un centre moteur d’exécution de la volonté de la personne, du conducteur . Selon H. Baruk, il existe une dualité de causes aux troubles du comportement, les unes sont organiques et localisées au cerveau, les autres sont diffuses et d’origines multiples: toxiques, affectives… Il s’élève contre les pronostics d’incurabilité, destructeurs, préférant l’effort patient en vue de la guérison. Contre la soi-disant étiologie organique de la schizophrénie selon Kraepelin, qui la calque sur la paralysie générale (arachnitis chronique de Bayle), dans le but de pronostics fatals, H. Baruk démontre que la cause est d’ordre moral sans lésion organique. A contrario, les nazis classeront les malades en curables et incurables dont les schizophrènes. Il combat Freud comme faux prophète1, lui reproche d’avoir libéré le yetser har’a (instinct du mal) sans le yetser hatov (instinct du bien) et d’avoir restauré le culte d’Astarté, et grec de l’instinct[1]. Sa doctrine à la fois atteignit profondément l’occident chrétien et facilita la propagation du nazisme. Ne déclara-t-il pas aux magistrats viennois que les témoignages étaient sans valeur; que l’important étaient 1’inconscient et les désirs refoulés. De plus, la psychanalyse freudienne développe une véritable culture des névroses, des explorations introspectives et de l’accusation systématique des parents, au lieu de faire appel aux forces propres du moi pour surmonter les difficultés personnelles. Quant aux psychoses, selon Baruk et à l’inverse de Freud, ce ne sont pas des destructions de fonctions et elles sont éminemment curables. Freud, après un séjour à la Salpêtrière chez Charcot, suivit à Nancy l’enseignement de Bernheim (qui s’en méfia, dit Baruk).

Le gouvernement envisageait de fermer la Maison Nationale de Charenton fondée au XVIIs, en sursis depuis la loi de fermeture votée en 1920 en raison de la dégradation de l’atmosphère de 1’établissement. H. Baruk accepte cependant d’y être désigné médecin-chef (1931). Tout de suite, il supprime les moyens de contention à nouveau pratiqués. En trois années d’une lutte héroïque, il rétablit la paix dans le célèbre hôpital d’aliénés qui fut dirigé par Royer-Collar, Bayle, Esquirol (élève de Pinel), Parchappe, qui redevient une référence mondiale. Comment ? par des enquêtes approfondies et 1’examen critique des témoignages, à l’instigation de la Torah. Peu à peu le personnel comprit cette méthode. Mauvais traitements, accusations et faux témoignages compliqués de fatalisme et de culpabilité engendrant le mécanisme du bouc émissaire, cessèrent dans l’établissement. Cependant cette vérification permanente lui valut un furieux coup de pierre frontal au cri de « mort aux juifs ! » par l’infirmier paranoïaque de Charenton qui plus tard le dénonça aux nazis, mais finit lynché par la population à la Libération.

Grâce au financement de la première Fondation Rockefeller (1928), il crée et dirige le laboratoire de psycho-pharmacologie dans le cadre de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes à la Sorbonne où il mettra en évidence le rôle de toxines se répandant par le sang et troublant la personnalité. Il expérimente aussi à Amsterdam avec de Jong (bulbocapnine puis scopochloralose et colibacille intestinal). Ses conclusions biologiques et thérapeutiques sont reprises et vérifiées mondialement, prouvant ainsi expérimentalement la révélation de la Torah: l’âme de la chair qui l’anime, c’est son sang. « L’expérimentation qu’il fait sur toute la série des vertébrés est un modèle expérimental qui fait date dans 1’histoire des sciences » (Dr L. Bauer). Lauréat à l’agrégation de neuropsychiatrie en 1946, il est élu par ses pairs professeur « sans chaire » à la Faculté de Médecine de Paris, celle de neuropsychiatrie ayant pour titulaire Lévy-Valensi puis J. Delay successeurs de H. Claude.

Sous l’occupation, Henri Baruk est actif résistant au sein du centre de la résistance et d’entraide juive rue Amelot. (Plus d’informations doivent se trouver dans le livre L’Un des Trente-Six, Paris 1946, ouvrage collectif cité par Lucien Lazare : La Résistance Juive en France, Stock 1987).

[Extrait Wikipedia :] Il rejoint aussi le Groupe du musée de l’Homme, présenté à son fondateur Jean Cassou par Agnès Humbert pour des activités médicales avec Jean Hamburger, qu’il poursuivra dans les réseaux Libération-Nord avec Paul Milliez et l’Organisation civile et militaire avec Louis Pasteur Vallery-Radot. Fin 1942, il accompagne Robert Debré, Clovis Vincent et Louis Pasteur Vallery-Radot, pour rencontrer secrètement le colonel Remy, agent secret de la France libre en territoire occupé, sur l a création d’un service clandestin de médecine et de chirurgie pour la Résistance intérieure française (Colonel Remy, Le livre du courage et de la peur : juin 1942-novembre 1943, Aux Trois Couleurs, 1946, p. 197). Il fournit aux Éditions de Minuit des moyens pour démarrer (Debré 2009). Il participe également à l’unification des activités médicales au sein de la Résistance intérieure, par l’entremise du mouvement “Front national“, sans adhérer pour autant au parti communiste qui pilote ce mouvement avec Robert Debré (Prost 1997, p. 161-166). Le groupe du Front National, de Libération-Nord et de l’Organisation civile et militaire  , donne un appui médical à la Résistance. Il cache des enfants échappés des rafles dans son logement de fonction à l’Hôpital Esquirol. Il participe à l’atelier de fabrication de faux papiers installé à l’hôpital Necker. Il est membre du Comité médical de la Résistance avec Thérèse Bertrand-Fontaine, Victor Veau, François Lhermitte, Clovis Vincent, Paul Milliez, Robert Debré, Théophile Alajouanine, Jacques Tréfouël, Louis Justin-Besançon, Robert Monod, Bernard Lafay et André Lemierre entre autres («Musée de la résistance en ligne [archive]», sur www.museedelaresistanceenligne.org (consulté le 18 août 2023)) (« comité médical de la Résistance [archive] » (consulté le 18 août 2023)). Dénoncé par un infirmier à la police allemande, il est libéré et trouve refuge pendant toute la durée de la guerre chez le docteur Henri Le Savoureux à la Vallée-aux-Loups dans l’ancienne maison de Chateaubriand à Châtenay-Malabry.En août 1944, il participe à la Libération de Paris, en liaison avec le colonel Rol-Tanguy, et soigne les blessés (Dewaele et Haguette 2013, p. 84). Il est directeur de cabinet de Louis Pasteur Vallery-Radot, secrétaire général à la santé du gouvernement provisoire de la République française (26 août-10 septembre 1944). Il est président du comité de libération de Saint Maurice puis il préside la délégation provisoire de Saint Maurice (août 1944-avril 1945). [Fin d’extrait]

Son expérience à Charenton lui inspire le Test Tsedeq[2] appliqué dans le monde entier, mettant en évidence l’universalité de la notion de justice. Il en induit que ce sentiment irréductible de justice et d’injustice est le propre de l’humanité qui seule a institué des tribunaux. Il développe l’étude du tsedeq biblique en tant que science de la paix inaugurée par l’alliance des patriarches avec Hashem l’Eternel Créateur. Dès lors il apprend à fond l’hébreu et 1’araméen, langues de la Bible et du Talmud qui à ses yeux sont des traités de sciences humaines, Da’at en hébreu signifiant connaissance et non religion, science inspirée aux patriarches, expérimentée puis révélée Bamidbar, dans le désert du Sinaï. 11 pratique la thérapie basée sur la confiance qu’il nomme « chitamnie ». Lorsqu’on lui demande comment il parvient à de tels résultats, il répond : « en apprenant l’hébreu ».

Commandé par les Editions Masson dans un délai de dix huit mois, il écrit son Traité de Psychiatrie (1959, 1670 p. avec bibliographie encyclopédique). Il crée le Centre de Psychiatrie Sociale et la Société Moreau de Tours (Annales Moreau de Tours, 5 Vol. P.U.F.). Il est président de la Revue d’Histoire de la Médecine Hébraïque que fonde le Dr I.Simon et patronne le Pr Laignel-Lavastine. En 1963, Masson inventorie 557 publications du Pr H. Baruk.

En 1977, une double épreuve survint, suite à un accident de taxi sa femme fut atteinte d’hémiplégie et d’aphasie. Pendant dix ans et demi, il la soigna avec amour, renonçant à tous les voyages et conférences qui lui étaient demandés de par le monde: « L’homme doit porter sa femme, nasso ». Outre leur affection encore augmentée, sa vie professionnelle s’intensifia, les patients et les consultations des plus petits aux plus grands de ce monde sur beaucoup de sujets, affluant du matin au soir. 11 intervenait ou répondait systématiquement à tout courrier, très nombreux. Il écrivit plusieurs ouvrages et plongea toujours davantage dans les textes bibliques. En 1987, Mme Shushana Baruk née Sorrano, brusquement lui fut enlevée. Cette suprême épreuve lui fait réaliser personnellement l’existence, déjà perçue dans la personnalité profonde, de la Neshama3 , l’âme divine en nous, qui ne meurt pas à la différence du Nephesh, âme animale. Il continua son action sans relâche, identifiant complètement science et foi.[3] A 101 ans passés, une fracture du fémur l’immobilisa chez lui. En quelques mois cette inactivité forcée l’affaiblit physiquement. Son esprit écartait toute considération accessoire allant directement au ykar, à l’essentiel, l’amour de la vie qui nous est donnée, 1’amour de son proche. Sans souffrance, il fut emporté dans un baiser de D. dont il a été le serviteur courageux et inspiré. Que son enseignement, son action et son œuvre nous ressourcent.

Alain Pin’has DESAINT, Soukot 5760

[1]  Freud et le monothéisme hébreu. « L’homme Moïse ». Isaac Doryon, Jérrusalem 1971. Préfaces et traduction de 1’hébreu par H. Baruk et M. Weisengrun, éd. Zikarone Paris 1972.

[2]  Le test « Tsedek », le jugement moral et la délinquance. H Baruk et M Bachet. P.U.F. Paris 1950.

[3] Des hommes comme nous. Mémoires d’un neuropsychiatre, p. 370 éd. Téqui, 1990 (1re éd. chez Robert Laffont, Paris, 1976).

 

 

___________________

 Freud et le monothéisme hébreu. « L’homme Moïse ». Isaac Doryon, Jérrusalem 1971. Préfaces et traduction de 1’hébreu par H. Baruk et M. Weisengrun, éd. Zikarone Paris 1972.

² Le test « Tsedek », le jugement moral et la délinquance. H Baruk et M Bachet. P.U.F. Paris 1950.

3 Des hommes comme nous. Mémoires d’un neuropsychiatre, p. 370 éd. Téqui, 1990 (1re éd. chez Robert Laffont, Paris, 1976).

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *